Chenilles processionnaires :
pourquoi sont-elles peut-être plus dangereuses que vous ne le pensez ?
Nous attendons tous le printemps avec impatience : les températures remontent, le soleil brille et le jardin reprend vie. Les balades redémarrent, mais c’est aussi à cette période que réapparaît un petit problème aux grandes conséquences : les chenilles processionnaires et leurs poils urticants qui sont un danger pour l’homme, la flore et les animaux de compagnie.
Avec le réchauffement climatique, ces chenilles – qu’il s’agisse de celles du pin ou du chêne – sortent de plus en plus tôt au printemps et entament leur descente vers le sol. En file indienne, elles semblent inoffensives, mais ne vous y trompez pas : leurs poils urticants représentent un danger immédiat pour l’homme et les animaux, et en particulier pour les chiens.
Cette menace est d’autant plus préoccupante lorsque l’on habite en forêt de Fontainebleau, en forêt de Rambouillet ou dans la vallée de Chevreuse, où leur présence est particulièrement marquée et la proximité avec la forêt, quotidienne.
Sommaire
Le saviez-vous ?
Les chenilles processionnaires font l’objet d’un suivi très particulier et possèdent leur propre observatoire, et chaque année, le 18 mai est la journée officielle des chenilles processionnaires, c’est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir cet insecte présent sur notre territoire.

Les chenilles processionnaires du pin et du chêne :
définition et reconnaissance
Qui sont ces insectes qui se cachent dans nos arbres ?
Les chenilles processionnaires du pin Thaumetopoea pityocampa et du chêne Thaumetopoea processionea sont les larves de papillons de nuit présents sur l’ensemble du territoire français. Classées comme nuisibles depuis 2022, elles représentent une menace pour la santé humaine, les animaux et la flore.
Comme son nom l’indique, la chenille processionnaire du pin colonise principalement les conifères tels que le pin noir, le pin sylvestre, le pin maritime, le pin d’Alep ou encore le cèdre de l’Atlas. De son côté, la chenille processionnaire du chêne s’attaque aux arbres feuillus de la famille des chênes, comme le chêne sessile ou le chêne pédonculé.
Aujourd’hui, ces deux espèces se sont propagées dans tous les départements français, envahissant aussi bien les jardins que les forêts. Face à cette expansion, il est essentiel de savoir les identifier et d’adopter les bons réflexes pour limiter les risques qu’elles représentent.
Chenilles processionnaires du pin – Source photo : Canva
Comment les reconnaître ?
Photo fournies par l’Observatoire des chenilles processionnaires – FREDON France
Le cycle de vie des chenilles processionnaires du pin :
La chenille processionnaire du pin fait partie de la famille des Notodontidae. Lorsque l’insecte est sous sa forme adulte, il mesure entre 35 et 40 mm d’envergure. Comme son nom l’indique, cet insecte est retrouvé la plupart du temps sur des arbres résineux.
Les chenilles, quant à elles, sont reconnaissables à leur coloration brun noirâtre et à leur face ventrale jaune. Leur corps est recouvert de poils urticants microscopiques, responsables de réactions allergiques. Elles tissent des nids de soie caractéristiques à l’extrémité des branches, où elles se regroupent pour se protéger des prédateurs.
Avant d’entamer leurs phases de nymphose (phase de croissance entre le stade de chenille et le stade de papillon), les chenilles processionnaires descendent de l’arbre en file indienne. Leurs processions vont les emmener vers le sol à la recherche d’un endroit pour s’enfouir sous terre. C’est lors de cette procession de nymphose, entre janvier et mai, que les chenilles sont particulièrement dangereuses pour l’homme et les animaux, car elles sont à découvert et à portée de tous.
Le cycle de vie des chenilles processionnaires du chêne :
La chenille processionnaire du chêne colonise principalement les chênes, bien qu’elle puisse occasionnellement être observée sur d’autres feuillus. Contrairement à la processionnaire du pin, elle ne s’enfouit pas dans le sol pour se transformer en papillon, mais reste sur les branches.
À l’âge adulte, ce papillon nocturne est plus petit que son homologue du pin, atteignant environ 30 mm d’envergure. Cependant, c’est au stade larvaire que l’espèce représente un danger immédiat pour l’homme et les animaux.
Les chenilles présentent une coloration jaunâtre avec une ligne foncée sur le dos. Leur corps, recouvert de poils urticants et allergisants, leur confère un aspect gris argenté. Comme les processionnaires du pin, elles se déplacent en file indienne, mais construisent leurs nids de soie directement sur les branches du chêne. Actives la nuit, elles quittent leur abri pour se nourrir des feuilles de l’arbre, pouvant entraîner une défoliation importante en cas d’infestation massive.
Photo fournies par l’Observatoire des chenilles processionnaires – FREDON France
Bon à savoir 🧐
Toutes les chenilles poilues ne sont pas forcément des chenilles processionnaires ! Ce qui les distingue des autres, c’est leur mode de déplacement : elles avancent toujours en file indienne, en groupe. Si vous croisez une chenille isolée, il y a de fortes chances qu’elle appartienne à une autre espèce et ne représente pas le même danger.

Des insectes qui ne manque pas de piquants !
À quelle période les chenilles processionnaires sont-elles les plus dangereuses ?
La période à risque varie entre les chenilles processionnaires du pin et celles du chêne.
Pour la processionnaire du pin, elle s’étend généralement de janvier à avril, tandis que pour la processionnaire du chêne, elle se situe entre avril et juillet.
Toutefois, les conditions climatiques influencent fortement leur développement : des vagues de chaleur en automne ou des hivers doux peuvent accélérer leur croissance et provoquer des processions plus précoces.
Comme nous l’avons vu précédemment, ces chenilles représentent un danger principalement lorsqu’elles descendent des arbres pour s’enterrer ou lorsqu’elles sont encore présentes dans leurs nids. Au printemps, les larves d’un même cocon émergent simultanément et entament leur descente en file indienne le long du tronc. Le pic d’activité survient généralement entre février et mars en zone méditerranéenne, et entre mars et avril dans le nord de la France.
Chenilles processionnaires du pin – Source photo : Canva
Vue des impressionnants poils urticants des chenilles processionnaires du chêne, invisibles à l’œil nu dès qu’ils sont dans l’air – Photo fournies par l’Observatoire des chenilles processionnaires – FREDON France
Les poils urticants des chenilles processionnaires du pin et du chêne
À ce stade, la chenille possède sur son dos des poils, appelés soies, semblables à de minuscules aiguilles, invisibles à l’œil nu. Ces poils sont urticants, allergisants et peuvent se disperser dans l’air lorsque la chenille se sent menacée.
Même en dehors des périodes de procession, le risque persiste. Les nids vides contiennent une forte concentration de poils urticants. Faire sécher son linge à proximité d’un arbre infesté ou élaguer un arbre ayant abrité des chenilles peut provoquer une exposition.
Selon les analyses des centres antipoison, dans un cas sur deux, les personnes touchées par ces poils l’ont été de manière indirecte (par contact avec le pelage d’un animal, des outils de jardinage, etc.), sans avoir vu une seule chenille.
Les conséquences sur l’homme
Les chenilles processionnaires ne représentent pas une menace directe pour les arbres, même si elles peuvent l’endommager, mais ces insectes peuvent être bien plus dangereux pour l’homme et les animaux de compagnie.
Leurs armes de prédilection : les poils urticants. Ces soies, semblables à de minuscules aiguilles, sont projetées dans l’air lorsque la chenille se sent menacée. Transportées par le vent, elles peuvent atteindre des cibles situées à plusieurs dizaines de mètres.
Ces poils contiennent une protéine toxique, la thaumétopoéine. Une fois que l’aiguille pénètre la peau, elle libère une toxine qui provoque des réactions irritantes et inflammatoires. Les yeux, le nez, la bouche, ainsi que toute autre zone non protégée du corps, peuvent être affectées.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les risques liés aux poils urticants des chenilles processionnaires, nous vous invitons à consulter le site de l’Anses.
Réaction urticaire chez l’homme provoqué par un contact avec des poils de chenilles processionnaires – Photo fournies par l’Observatoire des chenilles processionnaires – FREDON France
Photo d’illustration – Source : Canva
Un danger pour nos animaux de compagnies : en particulier le chien !
Les chenilles processionnaires représentent un danger tout aussi important pour nos animaux de compagnie, en particulier pour les chiens. Attirés par l’odeur, ils peuvent croiser ces insectes lors de leurs promenades, particulièrement lors des processions au sol, ou les prendre dans leur gueule.
Dans ce dernier cas, cela peut entraîner de graves nécroses de la langue, nécessitant une prise en charge vétérinaire rapide. Bien que les chats et les chevaux puissent également être affectés, les cas d’exposition restent moins fréquents.
Même si les chenilles processionnaires présentent un danger sérieux pour les enfants, les personnes allergiques et les animaux de compagnie, il existe des moyens de lutter contre leur prolifération.
Les moyens de lutte possible pour contrer
l’expansion des chenilles processionnaires
L’introduction de prédateurs
Installer des nichoirs pour favoriser la présence de la mésange charbonnière, qui se nourrit des œufs et des chenilles, est une méthode efficace. Il est également possible d'introduire davantage de chauves-souris, qui interviennent sur les papillons, limitant ainsi leur reproduction. Enfin, certaines espèces de guêpes et un champignon, le Cordyceps, peuvent parasiter les chenilles processionnaires.
L’enchenillage
Cette solution consiste à couper les branches sur lequel sont les nids ou les œufs, et de les transporter ailleurs afin de les détruire. Cette action est à privilégier en journée lorsque toutes les chenilles processionnaires se trouvent dans le nid, afin d’éradiquer le maximum d’individus. Pour cette méthode, il est recommandé de faire appel à un élagueur-grimpeur professionnel.
Le piège à collier
Lors de leur descente, les chenilles rencontrent un piège sous forme de collier fixé sur le tronc. Ce piège force les chenilles à se diriger vers un sac contenant de la terre ou de la tourbe, où elles s’enfoncent, pensant avoir atteint leur destination finale. Il suffit ensuite d’attendre juin pour ramasser le sac et le détruire.
La diffusion de phéromones synthétiques
Cette méthode attire et capture les mâles, limitant ainsi la reproduction. Bien qu’elle ne soit pas suffisante à elle seule, elle peut être utilisée en complément d'autres méthodes pour réduire le nombre de chenilles processionnaires l’année suivante.
Quelle que soit la méthode choisie, il est important de ne pas prendre de risques. N’hésitez pas à consulter un professionnel qui saura vous recommander la solution la mieux adaptée à votre situation.
Pourquoi faire appel à un professionnel
pour le traitement des nids de chenilles processionnaires ?
Bien qu’il puisse être tentant de traiter l’infestation seul, le risque d’irritation cutanée et d’allergies causé par ces insectes justifie largement l’intervention d’un professionnel. En effet, son expertise vous permettra de choisir des solutions naturelles ou mécaniques adaptées à vos besoins.
De plus, les professionnels disposent d’équipements permettant de se protéger efficacement contre les poils urticants. Ils peuvent également vous conseiller sur la gestion paysagère, une méthode de lutte préventive contre les chenilles processionnaires, qui consiste à réintroduire des arbres locaux qui ne servent pas de refuges aux insectes. En cas d’infestation trop importante, l’abattage d’un arbre peut être envisagé, ce qui nécessite l’intervention d’un élagueur-grimpeur professionnel.
Pièges à Chenilles processionnaires du pin – Source : Canva
Source : montage Canva & M.Dion
Conclusion
Les chenilles processionnaires sont des nuisibles qui ont un impact considérable sur notre environnement, ainsi que sur la santé des hommes et des animaux de compagnie. Malheureusement, il n’existe aucun moyen de s’en débarrasser définitivement. Bien que des méthodes naturelles existent pour les réguler, les traitements doivent être effectués chaque année par des professionnels. Et comme vous l’aurez deviné, les périodes de traitement ne sont pas fixes ; elles dépendent uniquement du cycle de croissance de l’insecte.
Il est important de ne pas exagérer la taille du danger. Oui, ces chenilles représentent un risque, mais en limitant nos interactions avec elles et en adoptant des mesures préventives, nous pouvons facilement cohabiter avec ces insectes dans nos espaces forestiers.
Restez vigilant surtout au printemps et en été ! 🟧
Face au problème des chenilles processionnaires
nous avons tous une responsabilité collective
Agissons ensemble pour limiter le developpement des chenilles processionnaires du pin et du chêne
Chacun peut agir à son niveau de différentes manières, que ce soit dans son jardin, dans des lieux publics ou en forêt.
Vous pouvez bien sûr faire appel à un professionnel pour intervenir, mais vous pouvez aussi signaler la présence de chenilles et/ou de nids, mais aussi l’apparition de symptômes.
Pour cela, rendez-vous sur la Plateforme de Signalement des chenilles processionnaires, mise en place par Atlasanté.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de l’Observatoire des chenilles processionnaires, sous la supervision de la Direction générale de la Santé : https://chenille-risque.info/signaler-la-presence-de-chenilles-processionnaires/